Lorsque Copaïba consultance & formulation™ est approché pour développer un nouveau gel douche, un shampoing ou un quelconque soin lavant, nous savons que très rapidement nos clients afficheront leur perplexité devant les difficultés techniques inhérentes. Car si un tel produit peut sembler simple, et vendu pour trois sous en grandes surfaces, il cache cependant, si tant qu’on veuille travailler un peu différemment, une grande complexité.
Les gels douches à trois sous – et même nombre de plus prestigieux – renferment tous la même composition de base : AQUA [de l’eau] . SODIUM LAURETH SULFATE [un lavant synthétique] . COCAMIDOPROPYL BETAÏNE [un second lavant, pour plus de mousse] . SODIUM CHLORIDE [du sel, pour épaissir] . À laquelle s’ajoutent quelques dispersants du parfum, quelques épaississants encore, quelques colorants … Pas chers à fabriquer, ils ont surtout l’immense avantage que leur formule de base constitue maintenant un classique du genre, stable et éprouvée. Et donc des frais de développement réduits.
Par contre, dès que l’on s’en éloigne, on quitte cette zone de confort où tout fonctionne sans souci pour s’aventurer dans les étendues marécageuses nanties de chausses-trappes inhérente à toute recherche . Nous exagérons un brin, mais c’est un peu ainsi que nous le vivons chez Copaïba.
Car un soin lavant est une espèce bizarre, un fluide renfermant de drôle de structures qui ne demandent qu’à changer d’état et à ruiner notre formule.
Un peu de théorie pour mieux comprendre … Les lavants de synthèse, ou SynDets [Synthetics Detergents] sont des molécules hydrophiles par un bout [SULFATE] et lipophiles [LAURETH] par l’autre. Pour peu que leur concentration soit un brin importance, elles vont vite manquer d’eau pour s’étendre à leur aise dans le liquide, et former ce qu’on appelle des micelles – oui, comme dans les eaux micellaires. Ces micelles sont des structures où les parties hydrophobes du lavant se regroupent à l’intérieur, laissant les parties hydrophiles en contact avec l’eau, à l’extérieur. Et comme la nature est avare de son énergie, elles vont adopter la forme la moins dispendieuse : en baguettes si il y a assez d’eau autour d’elles, en boules [ce qui demande une certaine énergie, puisque une boule a une surface plus courbée, plus tordue, qu’une baguette] si l’eau vient à manquer. Et c’est la forme baguette qui nous intéresse, puisque ces baguettes vont former un réseau tridimensionnel au sein du liquide, et le gélifier – la forme gel étant évidemment bien plus confortable qu’un liquide, sauf si on veut faire des eaux micellaires, évidemment.
On force généralement les lavants à adopter la forme baguette en ajoutant du sel. En pratique, n’importe quel sel, mais c’est évidemment le moins cher qui est le mieux connu et le plus utilisé – on trouve donc du SODIUM CHLORIDE, le sel de cuisine, dans la majorité des gels douches. Suffisamment de sel pour former les baguettes, pas trop sinon les boules se forment et le gel se retrouve lamentablement liquide. C’est un équilibre délicat, déstructuré par le moindre corps gras que vous introduisez dans le gel douche – un parfum, une huile essentielle, … – mais tant qu’on travaille avec des choses comme du SODIUM LAURETH SULFATE le formulateur s’en sort assez aisément.
Copaïba travaillant surtout les cosmétiques de niche, les formules à haute valeur ajoutée, les ingrédients naturels, nous sommes généralement contactés pour travailler avec des ingrédients tout autres. Car le SODIUM LAURETH SULFATE n’a pas que des avantages … il lave si bien qu’il lave trop, déssèche la peau et se fait irritant. D’où les nouveaux tensides, issus de la fusion entre les huiles végétales et les protéines ou entre les huiles végétales et la glycérine végétale. On leur reconnait maintes propriétés : une meilleure mousse, une biodégradabilité supérieure, une douceur prololngée sur la peau, une irritation réduite, un déssèchement cutané évité, une toxicité largement moindre … La liste est longue, et finalement ils ne pêchent que par deux aspects : leur prix généralement supérieur à celui des lavants classiques, et leur relative difficulté en formulation.
Et quand, évidemment, on veut travailler convenablement, sans gommes* [parce que ça bouche les tuyauteries], à un pH physiologique [ajuster le pH introduit des sels dans le liquide, et donc agit sur l’équilibre des micelles], avec des huiles essentielles [qui vont plus ou moins déstabiliser les micelles], sans substances éthoxylées [ce sont des épaississants magiques, mais issus de la pétrochimie], … on accumule les soucis.
* les naturelles comme XANTHAN GUM, GUAR GUM, … ou les synthétiques comme ACRYLATES/C10-30 ALKYL ACRYLATE CROSSPOLYMER, …
Ce qui ne veut pas dire impossible, évidemment. Copaïba l’a déjà maintes fois démontré. Mais compliqué, avec des dizaines de tests et des jolis graphiques en couleurs qui garnissent nos écrans. Qu’importe, le résultat sera un soin magnifique. Mais vous savez maintenant qu’un soin lavant, c’est compliqué. Long. Difficile