Si vous produisez vos propres cosmétiques, il vous est certainement revenu que vous deviez respecter les bonnes pratiques de fabrication. Et si vous êtes la personne responsable de vos cosmétiques – autrement dit celle dont le nom figure sur l’étiquette – vous devez même garantir que vos cosmétiques ont été fabriqués dans un cadre GMP. Tentons donc d’y voir clair avec cette notion de qualité …
Les normes de qualité ne datent pas d’hier, puisque déjà sous Napoléon Bonaparte une normalisation des roues, des affuts de canons et autres chariots à munitions a vu le jour – dans le but évidemment de faciliter non seulement la production, mais surtout les réparations y compris sur le terrain d’opérations par simple prélèvement de pièces intactes sur un véhicule endommagé pour en réparer un autre.
Notre monde technique et scientifique a évidemment poursuivi cette quête de normalisation, afin de garantir la production de pièces répondant exactement à la demande ou de données techniques valides. C’est ainsi que chaque jour les roues des voitures tournent rond et que les pneus s’y ajustent, ou qu’une mesure scientifique produite à Hong-Kong peut être comprise et reproduite à Berlin.
En matière de cosmétiques, le règlement 1223/2009/CE précise explicitement en son article huitième que « la fabrication des produits cosmétiques [doit] respecte[r] les bonnes pratiques de fabrication […] ». Et actuellement, la norme ISO 22716 constitue le cadre de référence légalement adopté afin de garantir le respect de ces bonnes pratiques de fabrications.
Ce terme de « bonnes pratiques de fabrications » nous vient de l’anglais « good manufacturing practices » [GMP], qui fondamentalement signifie plus « pratiques de bonne fabrication ». Et si cette expression est nettement moins employée, c’est bien de cela qu’il s’agit : des pratiques qui vont mener à une bonne fabrication. Plus qu’une norme de qualité donc, il s’agit de recommandations techniques à respecter afin de garantir la correcte mise en oeuvre d’une formule cosmétique.
Cette norme internationale ISO 22716 est donc la référence en termes de cosmétiques. Elle énonce, au travers de ses dix-sept chapitres répartis en vingt-trois pages, des recommandations concernant la production, le contrôle, le stockage et même l’expédition des produits cosmétiques – en vue de la bonne qualité de l’ensemble et du cosmétique en particulier. Il ressort clairement de ce texte que ces dispositions sont la fois l’aboutissement d’une orientation qualité [les normes internes à l’entreprise du fabricant existent parce que ce dernier imagine des processus qualité, puis les coule en normes] et le point de départ de réévaluations constantes visant à en améliorer l’exécution précise, efficace et sans faille.
Nous pourrions en résumer les aspects les plus importants ainsi :
1- les modes opératoires et les instructions doivent être écrits afin de fournir une production de qualité régulière, et sont scrupuleusement suivis pour prévenir toute erreur.
2- chaque travail est intégré dans un processus de traçabilité.
3- les bâtiments et équipements sont conçus dans l’optique de la qualité du produit; ils sont entretenus et/ou étalonnés de manière régulière et efficace.
4- les produits sont protégés contre toute contamination en adoptant des habitudes régulières et systématiques de propreté et d’hygiène.
5- les matières premières et les processus tels que la fabrication, l’emballage, l’étiquetage … sont dûments contrôlés.
6- les documentations telles que CoA, MSDS, PDS, … concernant les matières premières sont disponibles.
7- le personnel est formé et habilité aux postes de travail.
Ainsi, les formules [liste des ingrédients vs %] se doivent d’être écrites, avec le mode opératoire de production [point 1]. Bien sûr, derrière le nom de chaque ingrédient sur la formule, vous connaîtrez parfaitement son identité, sa composition, ses données techniques, et ce grâce aux documentations et bons échanges que vous entretenez avec le fournisseur [point 6]. Votre matériel, vos appareils de mesure comme les balances par exemple, sera bien entretenu et régulièrement étalonné, et vous travaillerez dans des locaux pensés pour être propres et pratiques [point 3] – ce qui permettra entre autres de garantir la qualité de vos ingrédients [point 4]. Vous connaîtrez parfaitement le monde de fonctionnement de votre lieu de fabrication et de son matériel [point 7]. Vous établirez des normes de qualité et mettrez en place les moyens de les contrôler [point 5]. Et enfin vous assurerez que chaque étape, que chaque ingrédient, que chaque mesure soit dûment répertoriée [point 2].
Cela peut paraître infiniment complexe, mais en pratique, cela permet non seulement d’assurer que la fabrication de votre cosmétique s’est déroulée dans de bonnes conditions – et respecte en ce sens les obligations légales – mais aussi de travailler bien plus sereinement. En effet, quoi de plus stressant qu’une fabrication à base d’une formule mal ficelée, avec des corrections dans les pesées qui doivent se faire au petit-bonheur-la-chance en cours de fabrication, pour un résultat toujours incertain [une fois l’émulsion prend, une autre fois pas]. Quoi de plus décourageant que de travailler avec un matériel qui fonctionne ou qui ne fonctionne pas [et dont les modes d’emploi sont passés aux oubliettes depuis longtemps], avec des ingrédients dont in fine vous ne savez pas grand-chose [et qui pourraient par exemple être instables dans votre cosmétique ou en délicatesse avec certaines normes légales ou toxicologiques], pour in fine étiqueter votre cosmétique à partir d’un fichier informatique dont vous ne savez plus quand ni comment vous l’avez créé et s’il est exact. Et qu’au bout du compte, il soit impossible de déterminer quelle formule est exactement entrée dans la composition de votre cosmétique, quand il a été fabriqué ou comment il a été jugé correct et donc digne de mise sur le marché. L’ensemble étant assorti d’un numéro de lot qui ne correspond à rien.
Et c’est bien pour éviter tout cela que le législateur a clairement exigé que les cosmétiques soient fabriqués dans de bonnes conditions, non seulement matérielles [locaux, matériel, instruments, …] mais également et peut-être surtout qualitatives [précision des formules, informations quant aux ingrédients, processus bien définis, traçabilité établie]. Attester que vous respecter les GMP ISO 22716 revient donc à affirmer que vous travaillez dans ce cadre qualitatif. C’est une obligation légale, rappelons-le. Et elle commence par connaître ce texte de l’ISO 22716, à y réfléchir, et à travailler pour voir comment vous pourrez le mettre en oeuvre au sein de votre unité de fabrication, quelle que soit sa taille. Pour ensuite attester, dans le cadre d’un dossier cosmétique par exemple, que vous vous y conformez.