Construire un cosmétique dans l’optique de le voir un jour commercialisé est un processus complexe. Beaucoup d’aspects doivent être pris en compte, et aucun ne peut être négligé.
Dans l’ensemble, il faut penser à tout ce qui touche à la formule et à la législation. Et ces deux pôles sont étroitement imbriqués, avec des considérations techniques, écologiques, mercatiques, pratiques, logistiques, toxicologiques, esthétiques, … . Chaque pièce du puzzle doit trouver sa bonne place, sans quoi l’ensemble restera bancal. C’est là aussi tout le sens du logo de Copaïba.
La première chose à entreprendre est sans doute de lire le 1223/2009/CE [texte premier] et le 655/2013/CE [allégations]. Ces réglementations vous expliqueront l’essentiel de la législation cosmétique européenne, nonobstant la vingtaine d’amendements actuels et autres lignes directrices.
A- la formulation
01. l’idée – quel va être mon cosmétique, pour quelle type de peau et/ou de public vais-je le construire
02. le concept – quels ingrédients permettraient de formuler ce cosmétique, en termes de texture, senteur, efficacité, stabilité, et peut-être de critères annexes [sourçage éthique et/ou éco-responsable, naturalité, bio, …]
03. les ingrédients – les ingrédients imaginés en 02 sont-ils disponibles, et ce à des coûts et quantités raisonnables, avec toutes les documentations souhaitables [cfr ce blog au 08 juillet 2019 : identité, analyse, sécurité]; en connais-je le statut légal [substances listées aux annexes du 1223/2009/CE] et leur profil de sécurité [concentrations judicieuses …]
04. les contenants – dans quel type de pots ou flacons vais-je mettre ma formule; sont-ils disponibles, et ce à des coûts et quantités raisonnables, avec toutes les documentations souhaitables [cfr par exemple 2013/674/UE point 3.4.3], mon fournisseur est-il capable de me les livrer propres, autrement dit exempts de poussières et autres contaminations
05. la formule – il convient d’écrire, sur base des éléments nécessaires définis en 02 et des aspect pratiques réunis en 03, une formule [autrement dit, une liste d’ingrédients vs %] qui de plus soit raisonnablement fabricable et économiquement viable
06. la mise au laboratoire – la formule imaginée donne-t-elle les résultats espérés en 02, et sinon quelles modification 05 dois-je faire pour les atteindre
07. la stabilité – ma formule est-elle stable dans le temps et dans les conditions probables [températures, transports, contacts de l’utilisateur, …] de son existence
08. la microbiologie – ma formule est-elle microbiologiquement propre, et résistera-t-elle aux contaminations microbiologiques [cfr ce blog au 21 février 2018 : la qualité microbiologique du cosmétique et le challenge-test]
09. la finalisation – ma formule répond à mes attentes définies au 02, est stable comme étudié au 07, résiste aux microbes comme validé au 08, les contenants définis au 04 conviennent – il est temps de valider cette première étape [vérification et enregistrement de chaque détail : formule, ingrédients, mode opératoire, éléments observables lors du processus de fabrications, résultat final, contrôles, … – cfr également ce blog au 22 novembre 2019 : caractéristiques physiques & chimiques du cosmétique et stabilité, point 1]
B- les étiquetages
01. contiennent-ils tous les éléments prévus au 1223/2009/CE art. 19 point 1 : personne responsable, contenu, péremption, précaution d’emploi, numéro de lot, fonction du cosmétique, liste des ingrédients
02. ne contiennent-ils pas des éléments qui dépassent ce que permis par le 655/2013/CE : des allégations un brin optimistes, des revendications basées non pas sur des faits scientifiques mais sur les potins du net, une image donnée du cosmétique qui ne correspond pas à la réalité, …
03. la langue dans laquelle sont rédigés mes étiquetages est-elle celle prescrite par la région ou le pays dans lequel mes cosmétiques vont être commercialisés
04. les indications relevant des autorités commerciales [masse ou volume et symbole de caractère unicode U+212E] sont-elles libellés comme il le faut [place et taille notamment]
05. les symboles 1223/2009/CE ann. VII n°2 [durée d’utilisation après ouverture] et n°3 [date de durabilité minimale] sont-ils utilisés à bon escient, et les dates apposés correspondent-elles à une réalité validée
06. les ingrédients sont-ils bien listés selon la nomenclature prévue à cet effet [2019/701/CE]
07. les substances à lister [par exemple celles stipulées au 1223/2009/CE ann. III n°68-92 ou 1545/2023/CE] figurent-elles dans la liste des ingrédients
08. les mentions prévues par le législateur [cfr annexes du 1223/2009/CE notamment] sont-elles bien présentes sur les étiquetages
09. sont-ils suffisamment résistants aux frottements, aux contact avec les doigts, …
10. sont-ils possibles à apposer sur mes contenants [taille, géométrie, nature de la colle, techniques d’impressions directe sur les contenants, …]
11. sont-ils esthétiquement valables, cohérents avec le reste de ma gamme, attirants et lisibles, …
C- le dossier cosmétique
01. comprend-il tous les éléments repris au 1223/2009/CE ann. I [partie A + partie B]
02. ainsi que la vérification des étiquetages vs 1223/2009/CE art. 3, vs 1223/2009/CE art. 19, et vs 655/2013/CE notamment
03. est-il signé par une personne titulaire des diplômes visés au 1223/2009/CE art. 10
04. cette dernière a-t-elle sans ambiguité aucune conclu que le cosmétique répondait aux exigences du 1223/2009/CE et donc que le cosmétique pouvait être commercialisé au sein de l’Espace Économique Européen
05. est-il régulièrement revu si pas actualisé [cfr ce blog au 11 juillet 2018 : un dossier cosmétique n’est pas éternellement figé]
06. la notification au CPNP [Cosmetic Product Notification Portail] a-t-elle été réalisée, en ai-je le reçu électronique, les coordonnées de la personne de contact sont-elles bien correctes, en ai-je les codes d’accès pour une éventuelle modification
D- la fabrication
01. le fabricant est tenu d’observer les bonnes pratiques de fabrication ISO 22716 [cfr ce blog au 16 juin 2020 : l’ISO 22716 et les pratiques de bonne fabrication]
02. tous les éléments techniques de votre cosmétique [ingrédients, flaconnages, étiquetages, numéros de lots, formule, mode de fabrication, …] et les quantités à produire sont-elles bien connues de votre fabricant
03. la fabrication a été testée en conditions réelles, et le protocole ajusté [en règle générale, il convient de réaliser un lot en conditions réelles, notamment de volumes, afin de valider l’ensemble du processus : formule, protocole, contenants, étiquetages, …]
04. évidemment, vous pouvez être votre propre fabricant – ce qui ne vous dispense pas de respecter les points 01 & 02.
…
Bien sûr, Copaïba est à votre service pour vous apporter son savoir-faire, et vous permettre de franchir toutes ces étapes avec sérénité.
Les illustrations de ce texte sont un hommage aux personnages créés dès 1958 par le génial Peyo, et qui soixante ans plus tard continuent de nous fasciner. Et le titre est paraphrasé de la célèbre maxime de Nicolas Boileau – Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément – en son Art Poétique [1674]