Avant d’opter pour une ligne de cosmétiques en marque blanche …

Les cosmétiques en marque blanche sont souvent proposés en tant que solutions pour pouvoir commercialiser sa propre marque de cosmétiques. Dans les faits, une personne désireuse de créer sa ligne de soins s’adresse à un laboratoire, qui lui propose alors des solutions standards, en vantant la facilité, la rapidité et l’économie du processus.

Chez Copaïba cependant, cette façon de faire nous laisse perplexe. Car nous y voyons plusieurs problèmes insolubles :

1- le défaut d’exclusivité, de personnalisation, d’authenticité
Ces solutions standards sont à prendre pour ce qu’elles sont : des formules préalablement développées, souvent déjà mises sur le marché, mais que le laboratoire vous propose d’étiqueter à votre nom. Nous pourrions dire que le processus serait exactement le même si vous décidiez d’acheter un cosmétique en grande surface et décidiez d’en remplacer l’étiquette par la vôtre.

Bien sûr, parfois certaines personnalisations sont possibles : vous pourrez peut-être changer de parfum, remplacer une huile végétale par une autre, introduire un actif différent … mais rien de fondamentalement neuf par rapport au produit de départ.

Ne le nions pas, cette façon de faire présente quelques avantages. Ainsi, la procédure est nettement plus aisée pour le laboratoire, qui n’a qu’à puiser dans son stock de références pour vous présenter une foultitude de textures, parfums ou couleurs. Elle est également plus rapide, puisqu’il n’y a en fait pas d’étapes de formulation : vous choisissez une référence, le laboratoire met en production, et vous avez vos cosmétiques. Et généralement, les avantages économiques sont mis en avant.

Chez Copaïba, nous voyons les choses tout-à-fait autrement. Nous travaillons les ingrédients nobles, les belles textures, les senteurs exécutées de main de maître. Il n’y a jamais de standardisation dans nos formules, mais tout est conçu, imaginé, formulé afin d’obtenir un cosmétique qui réponde réellement à vos attentes. Vos désirs en terme d’ingrédients, de senteurs, de touchers sont importants pour nous, et nous les matérialisons par des formules minutieusement travaillées, qui vous correspondront.

Bien sûr, comme ces formules sont conçues pour vous, et exclusivement pour vous, vous ne les retrouverez jamais sous le marché avec l’étiquette d’un concurrent. Comme elles sont conçues pour vous, et exclusivement pour vous, chaque ingrédient constitutif vous aura été présenté, expliqué, détaillé avant d’être introduit dans la formule. Comme elles sont conçues pour vous, et exclusivement pour vous, vous aurez pu en tester les textures, demander mille et une modifications, avant d’en faire votre cosmétique, celui vous appartiendra réellement, et qui portera votre marque.

Reste donc l’avantage de temps et d’argent. Sans doute les formules standards sont-elles présentées comme plus rapides, mais dans les faits, Copaïba n’éparpillant ni son temps ni son savoir-faire, nous pouvons nous targuer de pouvoir répondre aux délais les plus exigeants. Quant à l’économie, nous sommes dubitatifs : certes, les solutions standards permettent de répartir les coûts de formulation sur plusieurs marques de cosmétiques, mais combien de formules ne seront jamais élues, et resteront dans les tiroirs … et l’un dans l’autre, projet après projet, Copaïba démontre que travailler sur mesure peut se révéler bien moins cher que via des solutions standards, en marque blanche. Car chez Copaïba, non seulement vous devenez propriétaire de vos formules, mais aussi vous fabriquez le nombre de pièces que vous souhaitez. Et commencer petit est souvent la meilleure façon de devenir grand.

2- l’oeil soupçonneux du législateur
Il est pour Copaïba de première importance que chaque personne qui appose son nom ou sa marque sur un cosmétique soit propriétaire de ses formules. Car être propriétaire, ce n’est pas seulement en faire ce que l’on souhaite comme les exploiter, les vendre, les céder, les breveter … librement, mais cela implique aussi de les connaître en détail. Les ingrédients, leurs proportions, leurs origines et leurs fournisseurs, le mode de fabrication, les procédures de qualité, … tout cela doit vous être connu, en détails.

Et la chose dépasse le stade de l’honnêteté intellectuelle qui fait dire à Copaïba que le vendeur, mieux encore, la personne qui se présence comme concepteur d’une marque de cosmétiques, doit les connaître. Car le législateur également abonde dans ce sens. Et travailler en marque blanche ne se fait pas sans être aux marges de la loi, parfois du mauvais côté, celui qui attire les ennuis.

La situation peut en effet être résumée comme suit : en son 1223/2009/CE art. 19 point 1, le législateur exprime que le nom de la personne responsable doit figurer sur l’étiquette du produit. Si il y est écrit Viviane Élisabeth Fauville*, c’est Viviane Élisabeth Fauville qui est responsable du cosmétique. Responsable au sens qu’elle est notamment soumise à la litanie d’obligations du 1223/2009/CE art. 5 [conformité aux termes de la loi des fabrications, étiquetages, dossier cosmétique, notification européenne, …] mais également collaboration avec les autorités sanitaires en cas d’effet indésirable grave [1223/2009/CE art. 23] ou encore de soucis divers et variés [1223/2009/CE art. 25]. Bref, si votre nom est écrit sur l’étiquette de votre cosmétique, marque blanche ou pas, c’est vous que les autorités sanitaires viendront trouver.
* Julia Deck, dont nous admirons les écrits, nous pardonnera l’emprunt de ce chantant patronyme [roman éponyme aux Éditions de Minuit]

Bien sûr, le laboratoire qui vous aura présenté le cosmétique standard, celui qui vous a été vendu en marque blanche puis étiqueté à votre nom, pourra vous rassurer : tout est prévu, le cosmétique respecte parfaitement les exigences légales, le dossier cosmétique [1223/2009/CE art. 11] a bien été rédigé, et donc tout est en ordre. En cas de question des autorités, la laboratoire se fera un plaisir d’y répondre.

Pourtant, Copaïba qui travaille chaque jour à lever mille et une incertitudes sur les cosmétiques, considère cette situation comme terriblement inconfortable. Vous êtes responsable d’un cosmétique dont vous ne savez rien, ou du moins pas grand-chose, et ses secrets ne vous sont pas accessibles. Si pour quelle raison que ce soit, le laboratoire ne tient pas sa promesse et ne répond pas aux questions des autorités [parce qu’il n’existe plus, parce qu’un conflit existe entre lui et vous, parce ses archives ne sont pas aussi nettes qu’annoncées, …], ces dernières vont rester sans réponse, et … les ennuis seront pour vous !

Certes, il existe bien des laboratoire très sérieux qui vendent des marques blanches, des gens très professionnels qui ne badinent pas avec les termes de la loi et sont conscients de leurs reponsabilités. Et si vous désirez travailler en marque blanche, ces personnes vous conseilleront avec talent. Par contre, nous aurons attiré votre attention sur les risques possibles dans cette manière de faire.

 

Alors, il y a bien une solution. Au lieu d’inscrire votre seul nom sur l’étiquette, ce qui vous désigne comme personne responsable, vous inscrivez en termes clairs et explicites que la personne responsable et fabricant* est, disons, le Laboratoire de la Geneste à Troussaletnote 1. En cas de soucis ou pour toute question, les autorités sanitaires s’adresseront donc à votre laboratoire. Et vous voilà sauvé !
* le 1223/2009/CE exprime que la personne responsable et le fabricant sont a priori la même personne, sauf dispositions spécifiques en sens contraire; cette solution, où le fournisseur de départ est plus ou moins connu du client, est parfois appelé marque grise.

C’est une solution, une solution prudente même. Par contre, vous désignez à tous que vous n’êtes pas le concepteur du cosmétique, que vous l’avez acheté en marque blanche, et que si quelqu’un veut vous concurrencer avec le même produit, il lui suffit de contacter le Laboratoire de la Geneste à Troussalet que vous renseignez si gentiment sur vos étiquettes. Alors, bien sûr, des astuces existent pour éviter les premiers problèmes [la responsabilité d’un cosmétique que vous ne connaissez pas] comme les seconds [désigner à vos concurrents qui a conçu votre cosmétique et qui pourra le réaliser à l’identique pour eux]. Mais toutes passent par un sac d’intermédiaires et d’embrouilles et de contrats, et toutes en pratique se montrent déraisonnables.

Sans compter que si le laboratoire fabricant, celui qui vous a vendu la marque blanche, venait à disparaître, votre projet est brisé. Par contre, en étant propriétaire de vos formules, vos cosmétiques pourront toujours renaître ailleurs.

Ceci expliquant la position de Copaïba : un cosmétique se doit d’être conçu, en toute exclusivité et en totale propriété, pour la personne qui le demande; cette personne doit être au courant de tous les détails du cosmétiques, des ingrédients aux étiquettes en passant par les modes de production ou l’analyse de sécurité du dossier cosmétique; ainsi elle pourra fièrement afficher son nom sur le cosmétique, tout en ayant tous les documents nécessaires à montrer aux autorités sanitaires si tant qu’elles venaient à poser des questions.

 

Copaiba blog marque blanche

[Couverture du Journal Tintin, 1953 – Blake et Mortimer, Edgar P. Jacobs]

Nous exagérerions donc en laissant entendre qu’une marque blanche constitue un cauchemar au sens de la Marque Jaune qui a mis Londres en émoi en 1953. Mais disons juste que professionnellement, nous ne préconisons donc pas le recours à cette solution. Et avouons que la tentation de profiter de l’expression pour rendre hommage au talent d’Edgar P. Jacobs était trop forte …

note 1 : les étangs de la Geneste, à Troussalet, sont évidemment ce lieu d’une autre aventure de Blake et Mortimer : SOS Météores [1958]. À part l’installation de l’inquiétant professeur Miloch Georgevitch secondé par le toujours infâme Olrik, il ne s’y trouve évidemment pas de laboratoire cosmétique !

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